dimanche 18 décembre 2016

Et si Lisa LeBlanc chantait notre hymne national ?

Cette semaine, je vous propose la petite histoire de ma participation à la consultation sur la réussite éducative :


Ce texte est plutôt le récit de mon expérience personnelle. Je vous raconterai ma vision quant à l'ensemble de cette consultation lors d'une prochaine publication.

Bonne lecture !

samedi 3 décembre 2016

Réponse au président de la Fédération des établissements d'enseignement privés

Cette semaine, j'ai décidé de répondre à un texte condescendant de la part de M. Jean-Marc Saint-Jacques, président de la Fédération des établissements d'enseignement privés (FEEP). À lire sur le Blogue des profs du JDQ. Voici le lien :

Réussite : à la recherche de la recette magique


En passant, il s'agit de ma deuxième réplique au président de la FEEP en moins d'un an ! Pour les plus curieux, je vous laisse un second lien. Il vous dirigera vers une lettre publiée dans Le Devoir du 21 avril dernier :

École privée et école publique : un débat enfantin


La résistance à la propagande demande un effort constant ...


Bonne lecture !

samedi 19 novembre 2016

L'insupportable pub de la FAE

Cette semaine, en lien avec la nouvelle campagne publicitaire de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), j'ai décidé d'écrire un texte sur les "gérants d'estrade" en éducation.

Voici le lien :

Au menu : l'expert de la classe, les gérants d'estrade et l'autonomie professionnelle...

Bonne lecture !

vendredi 4 novembre 2016

Êtes-vous un gagnant ou un perdant ?

Après le texte de Mathieu Bernière mardi dernier, c'est à mon tour de profiter du lancement du Blogue des profs. La semaine prochaine, vous ferez aussi la connaissance de nos deux enseignants du primaire : Marie-Claude Tardif et Éric Tremblay.


En ce qui me concerne, à la suite de 34 billets sur mon blogue personnel et de 8 textes publiés dans deux grands quotidiens de la région de Montréal, un journal de ma région m'offre aujourd'hui une tribune régulière.

Merci au Journal de Québec. Merci à vous de me suivre sur le Blogue des profs

Voici le lien vers cette première publication :


Êtes-vous un gagnant ou un perdant ?


Bonne lecture !

samedi 29 octobre 2016

Mon blogue déménage au Journal de Québec

C'est maintenant confirmé : mon blogue déménage sur le site web du Journal de Québec.

Il y a de cela quelques semaines, j'ai reçu un coup de fil. On me proposait alors un projet en lien avec l'éducation : créer un blogue animé par des enseignants.

J'étais dans les bureaux du JDQ le 25 octobre dernier afin de discuter du projet. Voici donc quelques informations en vrac :


  • Le blogue s'appellera Le blogue des profs ;    
  • Je partagerai l'espace avec trois autres enseignants ;
  • Les noms des autres enseignants ? Mathieu Bernière (secondaire), Marie-Claude Tardif (primaire) et Éric Tremblay (primaire) ;
  • Chacun de nous aura la tâche d'écrire 1 à 2 articles par mois ;
  • Les sujets ? C'est à nous de décider ...

Bref, je vous invite à me suivre dans cette nouvelle aventure ! Ma seule conviction ? L'éducation.


Enfin, je vous propose de communiquer avec moi si vous avez le goût de partager vos bons coups, vos déceptions, vos espoirs, vos idées, vos frustrations, vos anecdotes, etc. Je crois que cet espace sera un formidable outil de communication. À nous d'en profiter.


Je lance un appel tout spécial à mes anciens élèves ainsi qu'aux professionnels, PNE, cadres et enseignants de nos écoles primaires et secondaires.


Au plaisir de vous retrouver au mois de novembre.

samedi 8 octobre 2016

Tout va donc si mal en éducation ? Réponse à la lettre de l'enseignant Stéphane Boulé

Le 2 octobre dernier, M. Stéphane Boulé (enseignant au secondaire) publiait une lettre d'opinion dans le journal La Presse +  


Voici ma réponse :

Par une coïncidence malheureuse, votre lettre semble être le préambule au coup d'envoi de la Semaine pour l’école publique qui débutait le 2 octobre dernier.  J’ai ressenti diverses émotions en lisant votre texte, or jamais de ce que l’on appelle de la fierté.

À votre affirmation, « Oui, la majorité des jeunes Québécois réussissent ! », j’ajouterais la question suivante : pourquoi moins au Québec qu’ailleurs ? Loin de moi l’idée de vouloir briser votre merveilleux conte de Disney, mais je crois que votre discours est un brin déconnecté.  Dans un paysage dévasté, votre histoire fantastique met l’accent sur une magnifique licorne. Serait-ce de la naïveté, de la jovialité ou de la mauvaise foi ? Sachant que vous enseignez dans une école privée sélective en banlieue de Québec depuis les années 90, je suppose que vous souffrez d’une vision biaisée.

D’abord, vous refusez qu’on salisse notre système scolaire. C’est tout à votre honneur. Toutefois, il ne s’agit pas d’une campagne de dénigrement, mais plutôt de constats lucides. Les problèmes vécus dans le système d’éducation font la une et c’est tant mieux. Comment espérer des changements autrement ? J’imagine que je ne vous apprends rien en affirmant que l’humain est à la recherche de solutions pendant les jours sombres. Lors des journées ensoleillées, il est plutôt du genre « imbécile heureux ».

À vos yeux, « l’une des plus importantes (belles et grandes choses de notre système scolaire) est que la majorité des jeunes qui y entrent en sortent avec un diplôme sous le bras. » Voilà une affirmation intéressante. Vous aimez les devoirs ? Je vous invite à lire le rapport Ménard (2009) sur le drame individuel, les conséquences sociales et les coûts astronomiques liés à l'abandon scolaire. Il vous permettra de nuancer vos propos et d’élargir votre perspective.

En fait, à la suite de la lecture de votre lettre, tout va encore plus mal que je ne le croyais. Je vous cite : « Pour moi qui ai enseigné le français à près de 4000 adolescents depuis le début des années 90, il en ressort très clairement que ce n’est pas le milieu social ou le revenu familial qui, en premier lieu, fait qu’ils réussissent leurs études. » Cet extrait (et j’aurais pu en choisir d’autres) illustre bien le fondement de votre argumentation : votre expérience personnelle. Dans mon champ d’enseignement, cela porte un nom : une pseudoscience. De lire un enseignant en faire usage est très inquiétant.

Malgré toute votre bonne volonté, ce texte fait ressortir ce que l’on reproche à plusieurs acteurs du monde de l’éducation : un discours et des actions qui se fondent très peu sur l’utilisation des données probantes. En cette période de consultations publiques sur la réussite éducative, le Québec cherche des priorités d’action en éducation. Entre autres, des voix s'unissent pour la création d'un Institut national d'éducation publique. À votre insu, vous faites une démonstration éloquente de sa pertinence.

Néanmoins, je partage votre avis quant à l’importance de l’engagement. C’est pourquoi j’oserais proposer un gentil devoir à tous les enseignants voulant s’engager dans la réussite du plus grand nombre. Je vous suggère de lire le livre de Baillargeon intitulé Légendes pédagogiques et l’ouvrage Visible Learning de Hattie. Il serait aussi souhaitable de consulter le site Internet RIRE (Réseau d'information pour la réussite éducative). Je crois qu’il s’agit là d’un bon départ.

En terminant, je dois vous avouer que je me suis surpris à afficher un petit sourire narquois en réfléchissant à votre texte. Je me suis dit qu’il s’attaquait tout de même à une croyance populaire… Celle qu’il n’y a qu’à l’école publique que l’on doive combattre le manque de rigueur scientifique.

 

 

dimanche 2 octobre 2016

Déjeuner avec le ministre de l'Éducation



Ah! Ah! Quelle coïncidence… J’affirmais vouloir croiser le ministre lors de ma publication du 3 septembre dernier. Je n'allais certainement pas rater une telle occasion. J'ai réservé illico un siège pour l’événement. J’ignore pourquoi, mais j’avais cette envie folle de batifoler en ce début d’année scolaire.

Inutile de vous dire que j’avais très peu d'attente. Je voulais surtout entendre le discours de monsieur Proulx. Je me suis donc retrouvé à boire un café au milieu d'une quarantaine de personnes lors de ce beau jeudi matin.

D'abord, je croyais que le ministre allait faire acte de présence. Ce ne fut pas le cas. Il a parlé pendant une bonne quinzaine de minutes de sa vision de l'éducation et du continuum petite enfance, enfance et adolescence.


Premier constat : je peux vous affirmer sans l'ombre d'un doute que monsieur Proulx est un excellent orateur.


À ma grande surprise, à la fin de son discours, il y avait même une période de questions. Le ministre a répondu pendant environ 45 minutes aux gens présents. Des participants de divers milieux ayant en commun un souci à l’égard de notre belle jeunesse. Il ne s'agissait pas de partisans du Parti libéral et les questions n'étaient pas connues par le ministre.


Deuxième constat : je peux vous affirmer sans l'ombre d'un doute que monsieur Proulx connaît ses dossiers, improvise bien et répond d'une façon impressionnante.

Je me suis dit qu'il était assez rare pour un citoyen d’avoir la chance d'écouter le discours d'un ministre, puis l’opportunité d'échanger avec lui. Bref, j’ai assisté à un bel exercice démocratique.

Lors de cette journée ensoleillée du mois de septembre, je me suis également demandé pourquoi j'étais si souriant à la sortie du restaurant. Était-ce l'odeur du café ? Le bon déjeuner du Batifol ? Était-ce le fait d'échanger avec mon ministre de l'Éducation ? Non. Ce n'était rien de tout cela…

Je venais de vivre ce que l'on appelle un apprentissage. Je ressentais cette satisfaction qu’apporte le plaisir d’apprendre. Je venais de voir à l'œuvre un politicien d’expérience. J’ai pu analyser ce qu’est l’éloquence.

J’ai aussi fait un lien fort instructif : monsieur Proulx est un avocat de formation et pendant cet événement, j’étais le juge. Je dois avouer que son plaidoyer était excellent. Un bon avocat sait toujours comment convaincre le juge... Peu importe la vérité.

Le monde de l'éducation a besoin de vos suggestions

Le 16 septembre, monsieur Proulx lançait sa consultation publique sur la réussite éducative. Éducation : Québec lance une vaste consultation publique (Le Devoir, 16 septembre)

Je vous invite à participer. Voici le lien :
 




















mardi 20 septembre 2016

Mon école est meilleure que la tienne

Aujourd'hui, un article que j'ai écrit se retrouve dans la section Débats du journal La Presse +


Mon école est meilleure que la tienne


Il résume assez bien mon ras-le-bol annuel quant au déluge publicitaire de nos écoles publiques et de nos écoles presque publiques.


Vive la concurrence !

samedi 3 septembre 2016

Réponse à la lettre du ministre de l'Éducation


Le 4 juillet dernier, le ministre de l'Éducation a publié une lettre dans les principaux quotidiens du Québec. Ce message s'adressait aux enseignantes et enseignants.


En cette rentrée scolaire, voici ma réponse au ministre :


Cher monsieur Proulx,


La fin de mes vacances me donne l’occasion de vous répondre. Je vous remercie pour vos bons vœux. J’ai effectivement passé un excellent été en compagnie de mes trois enfants et de ma conjointe, aussi enseignante au secondaire.


« Des élèves qui réussissent, ça fait des profs heureux » vous a dit une enseignante. Je tiens à vous dire qu’il doit y avoir une pléiade de profs très heureux à l’école privée. Un constat similaire peut se faire quant aux enseignants qui travaillent dans des programmes sélectifs à l’école publique. En voilà du bonheur… Ah ! J’oubliais ! Il y a aussi les enseignants des classes dites « régulières ». J’ai beau faire preuve de jovialité, il me semble que la proportion de profs heureux chute radicalement dans ce cas.


De mon côté, je souhaite que cette dernière session parlementaire vous ait permis de constater l’ampleur de la tâche qui vous attend.  J’espère que vos vacances vous ont également permis de vous ressourcer. L’école publique est en déroute et vous aurez besoin de beaucoup d’énergie afin d’améliorer substantiellement notre système d’éducation.


Votre tâche est de faire en sorte que ce système d’éducation devienne l’un des plus performants au monde. À ce propos, l’Ontario nous démontre que la volonté politique est un ingrédient essentiel à l’atteinte de nos objectifs quant à la réussite scolaire.


Vous affirmez dans votre lettre que je peux compter sur vous. Excellent ! Je désire des changements significatifs au système. Je veux un projet qui ne soit ni politique, ni patronal, ni syndical. Ce projet doit se créer à l’aide de décisions fondées sur les données probantes… Ce que personne ne semble capable de faire dans ces trois milieux, intérêts obligent. Ce qu’il faut autour de votre table, ce sont des gens de jugement et non d’allégeance.


Vous avez annoncé que le Québec se dotera l’an prochain d’une politique sur la réussite éducative, après la tenue de consultations à l’automne. Je vous cite : « C’est à cette occasion que nous déterminerons ensemble les actions à mettre en œuvre pour l’avenir. Je tiens à ce que vous participiez aux choix que nous aurons à faire, à l’instar des autres acteurs du milieu de l’éducation et des concitoyens. Je veux connaître vos préoccupations et je vous assure de mon engagement. »


C’est donc avec grand plaisir que j’accepte votre invitation. En quête du bonheur professionnel, j’aspire à être un prof heureux.


Au plaisir de vous croiser cet automne.


 

samedi 27 août 2016

Bilan 2015-2016 et perspective pour 2016-2017


Bonjour à tous,
À la suite d’une longue année scolaire marquée par les nombreux changements de ministres et les négociations en 2015-2016, il me fait plaisir d’être de retour avec vous.
Cette première année d’existence de mon blogue aura été une expérience intéressante. Je profite de l’occasion afin de vous remercier. À la suite de 29 publications et plus de 10 000 visites sur mon site, certains sujets auront généré plus d’attention.
D’abord, il y a 3 textes qui se partagent la palme des articles les plus consultés :
  1. Réponse à Jérôme l’ado Landry (27 octobre)
  2. Réponse au DG de la CS des Premières-Seigneuries (8 mai)
  3. Fond de grève ou fond d’appui à la manifestation ? (15 décembre)
Ensuite, parmi mes 8 capsules pédagogiques, certaines ont connu un peu plus de succès :
  1. Le mot du mois : capsule de français (30 septembre)
  2. L’inconséquence en 68 secondes (23 septembre)
  3. Et si le moyen de pression parfait existait ? (30 novembre)
Enfin, 7 articles du blogue se sont aussi retrouvés dans Le Devoir, La Presse et/ou Le Soleil. Pour ces articles, il est plus difficile de mesurer l’impact réel en nombre de lecteurs :
  1. Le jour de la marmotte (17 septembre)
  2. Ma résolution d’enseignant en cette nouvelle année (7 octobre)
  3. Rien à voir avec la cote R (15 octobre)
  4. Intégration des enfants immigrants : On dirait du « dumping » (19 décembre)
  5. « El renouvo pedagogico » (12 janvier)
  6. Lettre à mon énième ministre de l’Éducation (12 mars)
  7. École privée et école publique : un débat enfantin (16 avril)
En ce qui concerne l’année scolaire 2016-2017, l’actualité en éducation risque d’engendrer encore plusieurs débats. D’ailleurs, la rentrée scolaire s’annonce très intéressante... Le ministre Proulx a annoncé que le Québec se dotera d’une politique sur la réussite éducative, après la tenue de consultations à l’automne.

De mon côté, je publierai probablement un peu moins souvent dans les prochains mois. En effet, je suis à rédiger mon essai final dans le cadre de ma maîtrise. Je vérifierai les liens qui existent entre la Politique d'évaluation des apprentissages du ministère et le travail réalisé par les enseignants. J’espère terminer le tout avant les vacances de Noël.

Bonne rentrée et bonne année scolaire !
 

samedi 14 mai 2016

Réponse à Mario Asselin (JDM et JDQ) - Des développements !

Le 9 février dernier, je répondais sur ce blogue à un article de Mario Asselin du Journal de Montréal. Son texte intitulé Le plus gros mensonge de l'école québécoise avait provoqué chez moi une certaine frustration ! Question d'augmenter ma pression, cet article arrivait bon premier lors du classement de ses publications les plus populaires de 2015.

Monsieur Asselin faisait alors l'éloge d'un certain philosophe allemand du nom de Richard David Precht. Ainsi, l'ensemble de son argumentation douteuse reposait sur les affirmations de son idole européenne...

Aujourd'hui, je suis fort heureux, car une réflexion du prof Normand Baillargeon vient appuyer mon texte d'opinion en réponse à l'article de monsieur Asselin.


Bref, les spécialistes de la chronique ne sont pas toujours des références en éducation...


Voici le lien : Une autre légende pédagogique... (5 mai 2016)


Bonne lecture !


À vous aussi monsieur Asselin ;)


dimanche 8 mai 2016

Réponse au DG de la CS des Premières-Seigneuries

Le 29 avril dernier, je recevais, de la part de la direction d'école de mes enfants, une note importante de la Direction générale de la Commission scolaire des Premières-Seigneuries.

Le lendemain, le journal Le Soleil publiait un article intitulé Les enseignants de la CS des Premières-Seigneuries gagnent une première bataille. Cet article rapportait les mêmes propos de monsieur Serge Pelletier, directeur général de la Commission scolaire des Premières-Seigneuries.


Voici ma réponse :


À titre de père de trois enfants fréquentant une école de la Commission scolaire des Premières-Seigneuries, j’ai lu votre déclaration dans le journal, mais aussi dans le communiqué envoyé par votre organisation à tous les parents.

Selon vous, «dans ce dossier, la priorité de notre commission scolaire a toujours été de favoriser la réussite des élèves en leur assurant le maximum de temps d'apprentissage de qualité, particulièrement pour ceux à risque et en difficulté d'apprentissage. Notre conviction profonde, c'est que chaque jour de classe peut faire la différence pour la réussite des élèves.» Devant tant de vertu de votre part, j’aime à penser que mes enfants fréquentent une organisation exceptionnelle.

Néanmoins, je dois avouer que tout cela m’inquiète vivement. Vos propos soulèvent quelques interrogations. Si je comprends bien, vos employés ne partagent pas la même conviction que la vôtre ? Les enseignants ne considèrent pas la réussite des élèves comme une priorité ? Est-ce bien là l’évaluation que vous faites de votre personnel ? J’ose maintenant espérer que mes enfants réussiront à sortir indemne de cette menace pédagogique.

À titre d’enseignant, j’ai une lecture légèrement différente de la situation. Je crois que nous devons prendre les moyens nécessaires afin de favoriser la réussite des élèves non pas à l’aide d’un dossier spécifique, mais grâce à l’ensemble de nos actions. Une chose est certaine : nous réussirons si nos enfants fréquentent une école où la direction et les enseignants fondent leurs interventions éducatives sur les données probantes et les pratiques exemplaires en éducation. Comme le disait B. Rosenshine : «Show me the data !»

En parcourant la littérature scientifique, il est facile de trouver plusieurs problèmes beaucoup plus urgents à régler que la reprise de quelques jours de grève. Vous voulez des exemples ?

D’abord, selon Égide Royer (2016), «les interventions préventives dans les excellents réseaux scolaires reposent sur des liens fonctionnels établis, entre autres, entre les garderies et les écoles. De plus, on y effectue un suivi systématique des lecteurs débutants. Du personnel spécialisé intervient rapidement auprès de ceux qui présentent des difficultés. On ne laisse pas les jeunes prendre du retard. L’enseignement explicite est privilégié.»

Ensuite, selon le rapport d’un comité d’experts (2014), «dans les États où existent des commissions scolaires, les résultats des élèves s’améliorent particulièrement quand les élus et le personnel s’engagent dans des formations continues portant sur la réussite scolaire et orientent leur action vers cet objectif. Dans tous les cas, une bonne synergie entre le personnel enseignant et la direction d’établissement contribue à la réussite des élèves en créant dans l’école un climat propice à la persévérance scolaire.»

Les résultats des élèves s’améliorent aussi «lorsque la direction générale donne aux directions d’école des buts à atteindre, mais leur laisse le pouvoir de décider des moyens à mettre en place tout en leur fournissant les ressources nécessaires

Également, «le comité observe qu’au Québec, le nombre de projets particuliers sélectifs continue d’augmenter alors que, parallèlement, on fait la promotion de l’intégration des jeunes en difficulté ou handicapés en classe ordinaire, ce qui entraîne un déséquilibre dans la composition des groupes.»

Je pourrais poursuivre longuement cette série d’exemples. J’inviterais donc l’employeur et le syndicat à s’entendre sur plusieurs sujets primordiaux et à unir leurs forces. Ils deviendraient ainsi la référence au Québec. Un modèle à suivre quant à la lutte au décrochage et à la valorisation de l’éducation.

À ce propos, je médite régulièrement cette citation de Jean Béliveau : «un gagnant sait pourquoi se battre et quand céder à un compromis. Un perdant cède à un compromis quand il ne faut pas le faire et se bat pour quelque chose qui n’en vaut pas la peine.»

Ma conviction profonde, monsieur Pelletier, c’est que le jour où le patronat et le syndicat travailleront ensemble à la réussite du plus grand nombre, il y aura enfin une lueur d’espoir.

 

 

 



jeudi 5 mai 2016

L'école obligatoire jusqu'à 18 ans ... Une bonne idée ?

La semaine passée, la CAQ proposait de rendre l'école obligatoire jusqu'à 18 ans. À ce propos, vous pouvez lire l'article du journal Le Soleil intitulé École obligatoire jusqu'à 18 ans : tous contre Legault



D'emblée, je vous confirme que je ne suis pas un partisan de la CAQ. Néanmoins, il faut admettre que monsieur Legault dispose d'un excellent porte-parole en matière d'éducation en la personne de Jean-François Roberge. Ce député est probablement le seul à s'intéresser réellement à l'éducation et à comprendre l'importance de certains enjeux.



En fait, je partage entièrement l'avis que le Québec doit rendre l'école obligatoire jusqu'à 18 ans. Afin d'appuyer ma position, je vous citerai simplement quelques extraits du pertinent mémoire d'Égide Royer présenté à la Commission de la culture et de l'éducation en janvier dernier :



"La priorité en éducation au Québec n'est pas, à mon avis, de modifier l'organisation et la gouvernance des commissions scolaires mais bien de reconnaître, tout d'abord, l'éducation comme la plus importante mission de l'état et de se donner ensuite un plan global de la réussite scolaire, basé sur les données probantes et les pratiques exemplaires.



Néanmoins, si la décision gouvernementale est malgré tout d'apporter d'abord des modifications législatives avant de mettre en œuvre un plan global de la réussite scolaire, cinq mesures me semblent absolument essentielles."



La quatrième mesure proposée par le professeur Royer est la suivante :



"Une société doit exprimer clairement des attentes élevées en ce qui a trait à la réussite scolaire et à l'importance de l'éducation. La Loi de l'instruction publique doit être modifiée pour rendre la fréquentation scolaire obligatoire jusqu'à 18 ans ou l'obtention d'un des diplômes du secondaire. Pour qu'un élève puisse abandonner l'école avant cet âge, ses parents devraient faire une demande au Ministre afin d'obtenir une dérogation à cet effet.



Les pays où les jeunes réussissent le mieux à l'école sont ceux qui, entre autres, expriment des attentes élevées, maintiennent un haut sens des responsabilités quant aux résultats et considèrent l'éducation comme l'élément le plus important de leur histoire actuelle et de leur avenir."


Bref, il est triste de constater qu'une proposition intéressante qui mérite d'être discutée intelligemment soit balayée du revers de la main. Pour quelles raisons au juste ? À des fins partisanes ou encore parce que nos élus ne connaissent rien à l'éducation ?



Je crois que l'Assemblée nationale n'est que le pâle reflet de notre société. La plupart des gens pensent être des spécialistes de l'éducation. La réflexion simpliste est la suivante : "j'ai fréquenté l'école et j'ai des enfants qui fréquentent l'école, je comprends donc l'éducation. De ce fait, mon hypothèse est valide." Malheureusement, il n'en est rien.


Les grands enjeux en éducation nécessitent des connaissances scientifiques nettement supérieures à la moyenne, une formation appropriée et une solide expérience. Il faut plus qu'un "j'pense que" de la part d'un quidam ...



























lundi 2 mai 2016

capsule pédagogique : les coûts du décrochage

Notre système scolaire crée de l'échec. Est-ce que la compétition entre les écoles privées et les écoles publiques permet réellement de faire des économies ?  Quel est le coût réel du décrochage au Québec ?


Aujourd'hui, je vous propose une capsule pédagogique qui examine ces questions. Afin de comprendre les enjeux de ce débat, il faut mettre cette capsule en lien avec les références disponibles sur ce blogue.



samedi 16 avril 2016

Réponse au président de la Fédération des établissements d'enseignement privés


Monsieur St-Jacques,

j’ai lu avec intérêt votre discours en réponse au message véhiculé par la publicité de la FAE. Quelle ironie de lire un texte aussi manipulateur que le vôtre ! La propagande dénoncée s’apparente étrangement à celle que vous proposez. Je crois qu’une certaine objectivité s’impose afin de mettre en perspective les véritables enjeux de ce débat.


D’abord, selon une étude du ministère de l’Éducation, le financement des écoles privées au Québec représente en réalité 75 % des coûts. Vous affirmez que l’école privée appartient à sa communauté. Je vous répondrai qu’elle appartient en grande majorité au peuple québécois.

Ensuite, vous dites que « … l’école privée affiche des taux de réussite très élevés, et ce, même si elle accueille des élèves au profil de plus en plus varié. En effet, plusieurs écoles privées ont adopté des mesures et des programmes particuliers afin d’amener à la réussite des élèves ayant des défis particuliers. »

Auriez-vous l’amabilité de chiffrer ces informations et de dresser un portrait de la situation par région ? Dans cette optique, je souhaiterais quelques réponses aux questions suivantes :
  1. Quel est le pourcentage des écoles privées qui ne sélectionnent pas leurs élèves ?
  2. Quel est le ratio entre le nombre de demandes d’admission et le nombre d’élèves admis ?
  3. Quel est le nombre d’établissements offrant des programmes particuliers pour les élèves ayant des défis particuliers ? (en passant, qu’est-ce qu’un défi particulier ?)
  4. Quel est le nombre de professionnels affectés à ces mesures et à ces programmes ?


Vous savez quoi M. St-Jacques ? J’en ai marre de constater le gaspillage des ressources humaines et financières dans le but d’alimenter ce débat enfantin opposant l’école privée à l’école publique. J’en ai marre de voir un syndicat utiliser les cotisations de ses membres à des fins publicitaires. J’en ai marre que cette concurrence publique-privée entraîne une dilapidation éhontée des fonds publics.


J’ai déjà mal au cœur lorsque je pense à l’automne prochain. Lors de cette période de grande frénésie mercantile en éducation, nous serons encore témoins des  manœuvres des écoles publiques et des écoles privées afin d’attirer les clients potentiels : portes ouvertes, pubs télé, pubs radio, pubs dans les journaux, etc. Le payeur de taxes est endoctriné et il ne se pose pas de questions. La concurrence est synonyme de qualité. Bref, il est tristement acceptable de dépenser pour la vente de son produit.


Il y a des coupes en éducation et il faut les dénoncer ? Fort bien. Attaquer l’école privée est-elle la meilleure façon de le faire ? Je ne crois pas. Ce qu’il faut, c’est le désir commun de construire le meilleur système d’éducation non pas pour le bien de son enfant, mais celui de tous les enfants.


Selon le rapport d’un comité d’experts (2014), « les élèves qui sont plus à risque d’échouer pour des raisons liées à leur statut socioéconomique ou à leur origine ethnique, bénéficient significativement de la présence d’élèves forts dans leur classe, alors que les élèves forts ne sont pas pénalisés par la composition hétérogène de leur classe


Favoriser l’hétérogénéité des classes et des établissements scolaires apparaît donc comme un moyen peu coûteux d’améliorer l’efficience d’un système scolaire, alors que la pratique du placement sélectif des élèves dans des classes ou des écoles différentes sur la base de leurs résultats scolaires, résultats qui sont intimement liés à leur origine sociale, entraîne des coûts supplémentaires dus à la concentration d’élèves à risque dans les mêmes groupes.


Selon plusieurs recherches rigoureuses menées à travers le monde, le placement sélectif des élèves sur la base de leurs résultats scolaires et de la capacité de leurs parents de choisir une école ou une classe plutôt qu’une autre est à la fois inéquitable et inefficace, car il entraîne systématiquement une diminution substantielle dans les taux de réussite scolaire de l’ensemble des élèves et contribue à maintenir les inégalités sociales.


Il faut également souligner que dans un système fortement normé comme le Québec, l’effet positif de la compétition entre les écoles sur la performance de l’ensemble des élèves n’est pas démontré. »


La question fondamentale demeure la suivante : comment permettre la mission collective de notre système d'éducation ? À ce propos, il semble que l'existence d'un système à deux vitesses et la marchandisation de l'éducation causent beaucoup trop de tort à nos élèves vulnérables. 

En terminant, monsieur St-Jacques, j’aimerais simplement vous rappeler que nous ne sommes pas dans l'obligation, au nom de la justice sociale, de financer les écoles privées. Nos voisins ontariens l’ont compris, tout comme les Finlandais … Et il s’agit, dans les deux cas, de systèmes d’éducation extrêmement performants.

 

 

mercredi 30 mars 2016

Exil des profs en Ontario (JDQ) : réponse à Joe Bleau, à Ti-Joe Connaissant et aux autres ...

L'article intitulé 2900 profs formés au Québec exilés en Ontario du Journal de Québec a fait couler beaucoup d'encre la semaine dernière. Cette nouvelle plutôt banale a provoqué une avalanche d'avis insignifiants. Les opinions diversifiées des "experts" de l'éducation ont démontré encore une fois les connaissances limitées de plusieurs individus.


Le plus dommage dans toute cette histoire, c'est que certains opportunistes profitent de l’occasion dans le but de faire avancer leur point de vue à l’aide d’hypothèses douteuses. Pour reprendre une expression québécoise de circonstance : on tire la couverte de son bord. Est-il possible de lire ou d'entendre des commentaires objectifs ? Sommes-nous en droit d’exiger un peu de rigueur ?


D'abord, soulignons que les chiffres mentionnés dans l'article méritent un brin d’analyse. Les statistiques s'étirent sur une période de 17 ans. Lors de ces 17 dernières années, 1489 profs ont quitté le Québec pour la province voisine. En gros, il s'agit d'une moyenne d'environ 88 profs/année. Est-ce si extraordinaire ? À partir de ces chiffres, certaines questions se posent dans le but de relativiser ce phénomène :
  1. Quel est le nombre total de finissants en enseignement au Québec depuis 1998 ?
  2. Quel est le nombre d'enseignants en exil au primaire par rapport à ceux du secondaire ?
  3. À la lumière de ces nouvelles données, quel est donc le % réel des départs au primaire et au secondaire ?
  4. Quel est le % d'exil des différents diplômés de notre société ?
Ensuite, il est souhaitable de relire cet article et de le mettre en parallèle avec un document fort intéressant : observations et prévisions des effectifs scolaires au Québec. Par une coïncidence miraculeuse, les départs vers la province voisine suivent le déclin de la clientèle des années 2000. Vous savez quoi ? Le nombre d'enseignants est proportionnel au nombre d'élèves.


Autre fait intéressant, le taux de natalité a fortement augmenté en 2006 lors de l’avènement du RQAP. D’ailleurs, ce boom de la natalité se répercute sur les courbes d’effectifs au primaire. Ainsi, il y a fort à parier que les enseignants qui quittent depuis le début des années 2010 proviennent majoritairement du secondaire. Vous savez quoi ? Vous avez moins de chance de travailler à temps plein s'il y a moins d'élèves.


Votre baccalauréat est terminé ? Vous cherchez du travail ? Bien que les francophones soient minoritaires en Ontario, il existe dans la province 422 écoles de langue française. Bref, la faim justifie les moyens. La grande majorité de ces enseignants quittent le Québec pour une simple et bonne raison : travailler.


Par le plus grand des hasards, je serai en visite à l’école Gisèle-Lalonde à Ottawa la semaine prochaine. Il s’agira de ma seconde visite d’un établissement ontarien en moins d’un an. Il est toujours intéressant de sortir de chez soi dans l’optique de découvrir ce qui se passe ailleurs.


J’imagine que je pourrai sûrement avoir de belles discussions avec des collègues québécois en exil. Nous pourrons alors philosopher sur quelques statistiques qui devraient nous pousser à revoir une partie de notre système d’éducation :
  • 100 % des écoles privées ne sont pas financées en Ontario ;
  • 95 % des élèves fréquentent les écoles publiques ;
  • l’écart entre les taux de diplomation des deux provinces est d'environ 10 %.
Enfin, il y a une statistique qu’on entend régulièrement au Québec : au moins 20 % des enseignants quittent la profession dans les cinq premières années. Il est toujours triste de constater le drame individuel, économique et social d’un diplômé qui, à la suite d’un baccalauréat de quatre ans, réoriente sa carrière. Au fait, j’ai une colle pour vous … 20 % d’abandon, ça représente combien d’exilés permanents ?


 

samedi 12 mars 2016

Lettre à mon énième ministre de l'Éducation

Un article que j'ai écrit se retrouve dans la section Points de vue du journal le Soleil (web 11 mars et papier 12 mars) et dans la section Débats de La Presse + (édition du 14 mars)


Lettre à mon énième ministre de l'Éducation


Pour ceux qui veulent en savoir davantage, je vous laisse les liens des sources citées dans mon texte :



Bonne lecture, bonne réflexion et bonne discussion ...


samedi 5 mars 2016

Éducation : les confidences de François Pignon

Est-ce que mon nom vous rappelle quelque chose ? Je suis le «con» de Pierre Brochant. Celui qu’il voulait inviter à son fameux dîner. À la suite de ses excuses, Pierre et moi sommes devenus des bons copains. À titre d’exemple, lorsque j’ai perdu mon emploi au ministère des Finances, c’est lui qui m’a suggéré de déménager au Québec. Il m’a affirmé que le système d’éducation constituerait une formidable famille d’accueil. Qu’il me voyait très bien y enseigner. Que les enseignants n’étaient pas considérés comme des abrutis là-bas. Et il avait raison.

D’abord, soulignons que le Premier ministre est un véritable père spirituel. À preuve, son message aux enseignants dans le cadre de la campagne de valorisation Prof, ma fierté ! de 2014 était phénoménal. Quand il déclare que « le grand projet du Québec, c’est bien plus que des routes et du béton… Le grand projet du Québec, c’est l’éducation », j’ai la chair de poule. C’est bien simple, je ne regarde plus les matchs de foot. J’écoute plutôt cette capsule de motivation en boucle. Je me suis même surpris à chanter Aaallez l’PM, Aaallez l’PM !

Ensuite, les gens du ministère de l’Éducation sont extra. Ils ont de l’imagination et une approche rigoureusement scientifique. C’est probablement pourquoi les ministres se succèdent à un rythme effarant. Ce n’est jamais très intéressant de s’occuper à regarder les autres travailler efficacement.

De plus, ils subventionnent les écoles privées afin de créer une saine concurrence. Plusieurs chroniqueurs, des sommités en matière d’éducation, écrivent d’excellents articles à ce sujet. Grâce à cette vision, c’est toute la marchandisation de l’école qui s’est fortement implantée. Il y a même un palmarès des écoles afin d’entretenir ce dogme. Je constate que ça fonctionne très bien. Les élèves les plus forts réussissent mieux et les plus faibles moins bien. Les Ontariens, les Belges du coin, ne financent pas leurs écoles privées. C’est vous dire comme on est plus brillant ici.

Également, inutile de vous rappeler que je suis syndiqué. Mon syndicat, c’est un peu comme Pierre, un vrai grand frère. Il prend soin de moi. Il s’assure que je ne change pas trop. Cet automne, il m’a convaincu de faire la grève pour le bien de mon école. Quatre jours de plaisir. On révolutionne le système quoi !

Enfin, il y a « Sasseur » à mon syndicat : ma commission scolaire. Pour elle aussi, l’élève est au centre des priorités. Tellement qu’elle n’a même pas défendu ses budgets lorsque la vague d’austérité est passée. Une grande sœur peu courageuse, me direz-vous, mais très perspicace. À ce propos, elle m’a annoncé que j’allais reprendre trois jours d’école perdus. Je vous cite un noble extrait du communiqué : « Nous souhaitons ainsi assurer le maximum de temps d’apprentissage de qualité pour l’ensemble de nos élèves, particulièrement ceux à risque et en difficulté d’apprentissage.» Ce n’est pas beau ça ?

C’est probablement pour cette raison que je jouis d’une grande autonomie. Ainsi, personne ne m’oblige à me former. Je peux également utiliser les approches de l’enseignement qui font mon affaire. Sciences, pseudosciences ou légendes pédagogiques… Qui s’en soucie ? De toute façon, avec l’extraordinaire formation que j’ai reçue à l’université, je suis compétent pour les 35 prochaines années.

Un collègue me faisait remarquer que j’avais le bonheur facile. Il m’a dit: « François, j’ai percé ton mystère. Pour être heureux dans la vie, l’important, c’est de se croire. » Ce qu’il peut être con celui-là ! Comment être malheureux lorsque votre famille a une vision aussi  « Juste » du bien commun ?

En terminant, je vous dirais que je ne suis tout de même pas naïf. Depuis ma mésaventure avec Pierre, j’ai changé. Si mes amis du système m’invitent un jour à dîner afin de discuter d’éducation, je serai un tantinet méfiant. J’apporterai avec moi un élève d’une classe régulière de l’école publique.




samedi 27 février 2016

En vert et contre tous dans le but d'aider les amis dans le rouge ?

C'est la semaine de relâche ! J'ai décidé d'en profiter et de m'offrir une petite pause. Bref, j'oublie l'éducation pour un instant. Ma formation de biologiste me pousse à m'intéresser au dossier Anticosti... J'ai donc décidé de me faire plaisir.

En vert et contre tous dans le but d'aider les amis dans le rouge ?

Vert, la couleur de l’espoir. La couleur des amants de la nature. La couleur des grandes valeurs environnementales. Je rêve ou quoi ? Avons-nous un nouveau gouvernement libéral au pouvoir ? Est-ce que la participation du Québec à la COP21 a généré l’illumination divine chez le Premier ministre ? À écouter le petit ange qui souffle un vent d’espoir à mon cerveau, c’est peut-être possible…

Néanmoins, il y a aussi un diablotin qui ne cesse de tourmenter ma conscience. Et si ce n’était que de la poudre aux yeux ? Vraisemblablement, la commission Charbonneau nous a appris à nous méfier du pouvoir politique. Parfois, j’aimerais bien être un journaliste à l’émission Enquête.
Avec le prix du baril de pétrole en chute libre, il est facile de comprendre que l’exploitation d’Anticosti n’est guère intéressante en ce moment. Dès lors, plusieurs questions surgissent de mon imaginaire. Qui sont les véritables propriétaires des droits ? Je ne parle pas ici des compagnies, mais bien des actionnaires. Sont-ils des amis du parti ? Ont-ils besoin de liquidité en ces temps difficiles ? Veulent-ils faire un coup d’argent ? Combien coûtera le bris du contrat ? S’il s’agit d’une somme considérable, à qui donc profiteront ces dollars ?
Pour le moment, le Premier ministre passe honorablement pour un ardent défenseur de l’environnement. Par le fait même, son discours entraîne la baisse de la valeur de certaines actions. C’est le temps d’acheter mes amis ! Les marchés financiers finiront bien par se redresser et il sera possible de récolter la manne. En attendant, le bonus du bris de contrat fera patienter et sourire tous les copains.
Ce gouvernement libéral a toujours souhaité l’exploitation des hydrocarbures. Et si le vert était la couleur de la chance qui frappe ces satanés investisseurs ? Je crois que mon petit diable amoureux de la couleur de l’enfer a probablement raison. Cette récente conversion ressemble étrangement à une vilaine mascarade dans le but d’aider les amis amateurs de rouge.
Si l’avenir donne raison au côté obscur de la force, je crois que je deviendrai rouge de colère ou vert malade. Peu importe,  j’aurai certainement une petite pensée pour mon ange candide. Je me dirai qu’encore une fois, je rêvais en couleur d’espérer qu’un politicien puisse se tenir debout par simple conviction.


mardi 9 février 2016

Le plus gros mensonge de l'école québécoise (JDM et JDQ) : réponse à Mario Asselin

J’aime lire Mario Asselin. Pour l’enseignant que je suis, ses articles sont souvent intéressants et bien documentés. C’est pourquoi son texte intitulé Le plus gros mensonge de l’école québécoise m’a franchement déçu. En décembre dernier, j’avais des choses à dire à propos de sa révélation, mais j’étais occupé à écrire sur l’intégration des enfants immigrants (publication du 19 décembre).

Pourquoi prendre le temps de répondre aujourd’hui ?  C’est que monsieur Asselin a fait un classement de ses publications les plus populaires de 2015 et cet article arrive au premier rang. Bref, il mérite encore une réponse !

D’emblée, il faut reconnaître que le titre est un brin prétentieux. Déclarer aux lecteurs d’un journal que « … le principal mensonge du réseau scolaire au Québec : tous apprendre à la même vitesse dans une classe, c’est bien mieux ! » sous-entend que nous détenons la vérité.

En lisant ce texte, ça m’a rappelé mon enfance. Vous savez, je suis de l’époque où les parents fréquentaient l’église le dimanche matin. Je me souviens très bien du déroulement de la célébration. Il y avait toujours un moment où le curé nous entretenait de divers sujets. Mes parents appelaient ça le sermon. C’est exactement ce que nous sert M. Asselin : un texte moralisateur.

D’ailleurs, je me suis surpris à l’imaginer apparaître en soutane au micro. À écouter cette grande vérité qui est la sienne. Je l’entends déjà dire : « Mes chers paroissiens, nous vivons dans le péché… Le mensonge est parmi nous. L’école est un lieu de perdition pour nos petites brebis ». L’air penaud devant tant de révélations criantes de vérité, je le confesse : « Excusez-moi, j’ai péché. J’enseigne dans une école publique. Je suis un menteur. »

Tout comme le curé attirait les foules avec ses histoires de peur, monsieur Asselin attire aussi  un grand nombre de lecteurs avec son titre qui punch. A-t-il raison pour autant ? Est-ce vraiment le véritable enjeu de l’école québécoise ? Un peu comme le curé de mon enfance, je me dis qu’il est légèrement dépassé par les événements. Qu’il devrait peut-être se promener dans sa paroisse afin de découvrir ce qui se passe sur le terrain.

Une partie de l’explication qui sous-tend cette démonstration douteuse est associée à un philosophe allemand. La référence, s’il en est une, invoque deux motifs pour « révolutionner l’école ». Voici ce que j’en pense :
  1. À propos du premier argument, mon père aurait pu lire la même chose en 1960. C’était vrai hier et ça l’est encore aujourd’hui. De plus, lorsqu’on parle d’intelligence relationnelle, il est possible d’associer cela à l’une des trois missions de l’école : la socialisation. Il est souvent question de qualification au Québec. Rarement discute-t-on  d’instruire et de socialiser. Pourtant, ces deux axes sont aussi importants, sinon plus que la simple qualification.
     
  2. À propos du second argument, force est de constater qu’il est vrai. Le monopole de la connaissance appartient maintenant au monde virtuel. Un peu comme à l’époque où la connaissance appartenait à l’église !  D’où l’importance accrue de l’école d’aujourd’hui. C’est une chose d’accumuler des connaissances. Encore faut-il apprendre à apprendre. Encore faut-il diversifier et évaluer ses sources. Encore faut-il comprendre et être capable de transférer ses connaissances. L’école a toujours le devoir de former des citoyens éclairés et capables d’exercer un jugement critique.
Enfin, monsieur Asselin semble oublier que l’école n’a jamais été aussi homogène. Le Québec est le champion canadien de la fréquentation de l’école privée. Que pour concurrencer l’école privée, l’école publique a fait le choix de la diversification. Que les élèves qui fréquentent ces programmes sont souvent triés en fonction des résultats et des revenus. Il est alors facile de répliquer que les enseignants de ce type de clientèle ont très peu de différenciation à faire.

Il reste donc les grands oubliés du système d’éducation du Québec. Ceux que l’on néglige depuis une quinzaine d’années. Les élèves des classes dites régulières de l’école publique. Avec un peu de lecture, nous sommes rapidement en mesure d’identifier plusieurs mensonges beaucoup plus importants que celui de la vitesse d’apprentissage dans une classe. Vous voulez vraiment le plus gros mensonge ? Faire croire au peuple que l’éducation est importante au Québec.

Afin de corriger la situation, il est impératif de créer un projet de société qui ne soit ni politique, ni patronal, ni syndical, seulement original, intelligent et plein de gros bon sens. Selon la Bible, la foi transporte les montagnes… Je vous jure qu’il en faudra de la foi, monsieur le curé, si je veux assister à ce miracle.