mardi 15 décembre 2015

Fond de grève ou fond d'appui à la manifestation ?


Je suis un membre du Syndicat de l’enseignement de la région de Québec (SERQ). Depuis quelques semaines, je chante joyeusement un air connu modifié : SO SO SO Solidarité ! SO SO SO Sonne faux !
En effet, lors du vote de grève à l’automne, le SERQ était fier d’annoncer qu’il détenait une somme appelée un fond de grève. J’ignore pour vous, mais pour le cotisant que je suis, j’aimais croire qu’un tel fond permettait d’aider les travailleurs subissant une perte de salaire. Un dédommagement à même ma contribution afin de combler ma coupure salariale. Erreur ! En fait, il s’agit plutôt d’un fond de manifestation. La prémisse est la suivante : les syndiqués sur la ligne de piquetage méritent des dollars. En découle alors le  principe suivant : la participation à ladite ligne donne le droit à un chèque. Vous voulez un retour sur votre cotisation au fond de grève ? Vous devez être présent à la manifestation. À cet égard, les questions suivantes s’avèrent pertinentes : est-ce que tous les enseignants participants méritent la fameuse compensation ? Pourquoi encourager spécifiquement ce moyen de pression ? Bref, cette façon de faire me semble néfaste à plusieurs égards :
 

Suspicion sur les lignes de piquetage : certains membres ayant voté contre la grève se retrouvent sur les lieux afin d’empocher leur chèque. Les dollars avant la cause.
 

Manque de motivation réelle : certains membres en faveur de la grève, mais peu enclins à manifester viennent faire du temps. Ils regardent leur montre et s’assurent de ne pas fournir un effort supplémentaire. En enseignement, on parle du minutage de la tâche. Les effets pervers des lubies patronales sont maintenant bien ancrés chez certains syndiqués. Temps travaillé égal temps payé.
 

Amplification du cynisme envers les syndiqués : il est facile de nourrir le mépris de la population à l’égard du mouvement. L’image projetée est celle d’un syndicat qui tente de gonfler artificiellement ses effectifs lors des manifestations.
 

Iniquité : certaines personnes en faveur de la grève et prêtent à manifester ne peuvent participer, et ce, pour d’excellentes raisons. Elles sont ainsi privées d’un revenu malgré leur conviction.
 

Impartialité douteuse : tous les travailleurs ont cotisé à ce fond. Cet argent leur appartient et devrait être une compensation financière en réponse aux coupures de salaire en raison de la grève.
 

La hiérarchisation de la valeur du geste posé par un membre m’apparaît comme une façon très subjective de compenser celui-ci. Est-ce que tous les enseignants sur la ligne de piquetage participent à l’ensemble des moyens de pression ? Il est facile de pousser l’absurdité de cette logique d’un fond d’appui à la manifestation. J’ai porté mon chandail noir à tous les mardis. Est-ce que cela vaut 1 $ par jour ? J’ai respecté l’opération récré prolongée, la semaine de 32 heures, etc. Je mérite quoi ? Une ristourne de 1 % ?
 

La légalité et la moralité d’une action ne vont pas forcément de pair. Il suffit de penser à la décision d'Yves Bolduc d'empocher son allocation de transition de 150 000 $. On pourrait aussi se remémorer l’indemnité de départ de 560 000 $ remise à Thierry Vandal. J’ai toujours pensé qu’un syndicat devait se situer un peu à gauche. Dans le cas présent, force est de constater que le mien se retrouve légèrement à droite.

lundi 7 décembre 2015

La formation continue et l'autonomie professionnelle : capsule pédagogique

La valorisation de la profession (4)

Cette capsule se veut la suite des publications suivantes :
Étape 1 - le cégep et la cote R (15 octobre)
Étape 2 - la formation universitaire (22 octobre)
Étape 3 - la carrière : la pédagogie (24 novembre)

Aujourd'hui, j'explore la formation continue comme outil de valorisation de la profession.
L'enseignant devrait être un apprenant permanent. Est-ce le cas ?